-« Dis ma couche pourquoi ça colle pas entre nous? » dit le plateau, froid et distant.

Véritable fléau, terreur du débutant, l’adhésion au plateau constitue la base d’une impression 3D réussie.

La clé de cette étape est l’adhésion de la première couche qui représente le socle de la pièce qui s’imprime.

En cas de problèmes d’adhésion, quatre points primordiaux sont à vérifier. Tout d’abord,

La mise à niveau du lit d’impression. L’extrémité de la buse d’impression doit être à une distance identique du plateau, quelque soit sa position. Par conséquent, il est indispensable de mettre le lit « de niveau », c’est à dire parfaitement horizontal. L’outil qui s’impose est le niveau à bulle. Beaucoup d’imprimantes 3D proposent un réglage par vis, situées au quatre coins du plateau.

Maj: Comme le fait remarquer un lecteur (Alex), l’usage du niveau à bulle est à exclure si votre imprimante n’est pas posée sur un support parfaitement horizontal. Par ailleurs, « niveau à bulle » est un terme générique pour désigner l’outil. C’est un niveau électronique qu’il faut utiliser et non l’ancêtre à bulle, trop imprécis.

Une fois le plateau mis à niveau, il est impératif de vérifier la distance entre l’extrémité de la buse et le plateau. Nous avons vu dans un précédent article qu’une buse trop proche du lit génère des soucis de débit de plastique et d’encrassement de l’extrudeur. Il ne faut pas non plus que la buse soit trop éloignée car cela laisserait le temps au plastique de refroidir avant de se déposer sur le plateau. Il n’y aurait pas d’adhésion au lit et pas non plus d’adhésion entre les couches. Vous pouvez agir sur les vis du plateau ou sur un « trimer » qui équipe certaines imprimantes et qui agit sur l’ensemble du lit sans modifier l’assiette. Cependant il est plus judicieux de réaliser ce réglage de manière logicielle. Avec Simplify3D procédez comme suit:

Cliquez sur “Edit Process Settings” afin d’ouvrir le panneau de réglages « process settings ». Puis sélectionnez l’onglet « G-Code ». Vous pouvez alors agir sur l’axe Z afin de générer un décalage très précis. Ajustez de 0,05mm et testez le résultat. Si cela n’est toujours pas optimal, ajoutez 0,05mm et ainsi de suite. C’est une opération longue est fastidieuse mais absolument indispensable.

gcode-decalage

Vous trouverez sur Thingiverse ou ailleurs des « cubes de réglages ». Ce sont 5 petits cubes que l’on imprime à chaque coin du plateau. Le dernier se place au centre. Si l’un ou plusieurs d’entres eux n’adhèrent pas, c’est que votre lit n’est pas à niveau. Si votre lit est de niveau mais qu’aucun cube n’adhère, c’est  que la distance entre la buse et le lit n’est pas optimale.

Le plateau n’est pas en cause et vous avez vérifié la distance mais vos pièces n’adhèrent toujours pas? Alors essayez de réduire la vitesse d’impression de la première couche. N’oubliez pas que celle-ci constitue le socle, les fondations de votre impression 3D. Par conséquent elle doit être parfaitement collée et même légèrement écrasée contre le lit. En réduisant la vitesse, vous laissez le temps à cette couche de se déposer et de se lier au plateau avant de recevoir les couches suivantes. Ce réglage est logiciel. Avec Simplify3D, cliquez sur « Edit Process Settings » puis sélectionnez l’onglet « Layer » (qui signifie « couche »), vous verrez un cadre marqué « Speed Layer First » (vitesse de la première couche). Si vous définissez une première vitesse de couche de 50%, cela signifie que votre première couche s’imprime 50% plus lentement que le reste de votre objet.

« AAAHHHA Fuck! Putain d’imprimante de merde! Mais tu vas coller, bordel! »

« Zut! Satanée imprimante! Continue à me provoquer et je jette un sort et zou! »

Réfléchissons. Le lit est plat et de niveau, la buse est à bonne distance, le filament est excellent mais ma pièce n’adhère toujours pas.

Il faut intégrer de nouvelles informations et apprendre quelques notions sur la manipulation des matériaux utilisés. La plupart des plastiques, certains plus que d’autres, se dilatent en chauffant et se rétractent en refroidissant. Vous comprendrez donc aisément que si le plastique formant la première couche se rétracte, il est logique qu’elle se décolle du plateau. C’est la raison pour laquelle de plus en plus d’imprimantes 3D sont équipées de plateau chauffant. En maintenant les première couches à une certaine température, on évite leur rétractation et on conserve ainsi une bonne adhésion au lit. Celui-ci devra à être chauffé à 60-70°C pour du PLA et à 100-110°C pour de l’ABS. Vous pouvez essayer de réduire et même couper toute ventilation pour les 5 premières couches pour du PLA et de couper totalement la ventilation pour de l’ABS.

Pensez également à isoler votre imprimante 3D des courants d’air.

ventilation simplify3d

Les adhésifs : En principe, les adhésifs ne devraient pas être nécessaires si votre imprimante 3D est correctement réglée. Cependant en pratique ils sont bien utiles car il suppléent les défauts, les déformations, les modifications de réglages de votre imprimante 3D. Les température élevées, les vibrations de vos pas sur le sol ou des véhicules qui passent à proximité,  l’usure, l’encrassement, perturbent le fonctionnement optimal de votre imprimante. Ceci est d’autant plus vrai que l’imprimante est bas de gamme.

Pour avoir tout essayé, ma préférence va à la laque adhésive 3DLac. Elle convient à tous les matériaux, elle offre une puissante adhésion et se nettoie à l’eau. Avec un plateau chauffant l’effet est spectaculaire: les objets sont indécollables tant que le plateau est chaud et ils se décollent tous seuls dès qu’ils sont, avec le lit, à température ambiante. Il existe un produit concurrent, le DimaFix très efficace. Entre les deux je préfère la 3DLac car elle fonctionne également sur les plateaux non chauffants et elle dure beaucoup plus longtemps contrairement à ce que je peux lire ici ou là… Sur plateau chauffant, les deux produits se valent.

Bannissez les rouleaux d’adhésifs ou les feuilles de Kapton hors de prix. Bannissez également la colle UHU car la formule a été changée et son efficacité très réduite ne vaut pas l’encrassement du plateau. Par ailleurs, les bâtons s’usent très rapidement.

Certaines laques à cheveux sont très efficaces mais cette efficacité varie fortement en fonction du filament utilisé ainsi que de la température du plateau.

Quand tout à échoué c’est que le design de votre pièce accentue le phénomène de retrait du plastique. Il est alors nécessaire d’imprimer un « BRIM » et peut être même un « RAFT ». Certaines imprimantes, comme la Zortax M200, ne laisse pas le choix à l’utilisateur et impriment un « raft » systématiquement.

Imprimer un « BRIM » (bord) consiste à imprimer une première couche qui va déborder de la surface ordinairement prise par votre pièce. Ce débord est réglable. Un « RAFT » (autrement appelé « radeau » ou « semelle ») est une sorte de treillis qui sera imprimé en guise de sous-couche. Votre objet s’érigera sur ce treillis et non directement sur le plateau. C’est la souplesse de la structure de ce treillis qui l’empêche de se décoller. Par ailleurs, la quantité de plastique étant moindre, le retrait l’est également.

Le raft est extrêmement efficace, c’est la solution ultime quand tout le reste à échoué. L’inconvénient de ce processus est que d’une part, cela consomme du plastique et du temps d’impression et que d’autre part, la finition de la première couche de votre pièce sera médiocre.

Brim
Un brim
raft
Un Raft

Merci qui? Merci 3DPrint4Ever.fr!

Dans le prochain article nous nous attaquerons à l’amélioration de l’aspect de vos pièces.